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Quel est le con qui a dit que les voyages en bateau sont agréables ? Nous la mer nous a pris, Je m’en souviens, un vendredi. Partis au moteur parce qu’il n’y avait pas trop de vent dans le detroit mais par contre une belle fenêtre météo pour l’atlantique. Il faisait très beau et nous étions tout joyeux. Jusqu’à Tarifa impec ! Après nous sommes retrouvés dans le plus fort du courant et nous n’avancions plus. Nous avons donc traversé pour suivre la côte marocaine et ça s’est amélioré. Puis le soir est tombé et on s’est retrouvé au milieu d’un dédale de filets. Des petites lumières de toutes les couleurs clignotaient partout, impossible de s’y retrouver. Une barque de pêcheurs nous a arraisonnés en nous tournant autour comme une guêpe en furie et nous a fait faire un énorme détour qui nous a coûté 3 bonnes heures. Ensuite nous nous sommes frayé un chemin au jugé pendant une bonne partie de la nuit et finalement nous avons réussi à passer. Entre temps le vent s’etait levé et on avançait bien. Seulement voilà, avec le vent il y a la houle. Une petite houle croisée, méchante, hargneuse, qui ne nous a plus lâchés et nous a secoués dans tous les sens. et’ alors là les gars, on a été malades. Pas légèrement barbouillés, non, malades comme des chiens, à ne plus rien pouvoir garder dans l’estomac. Deux jours comme ça ! Nous avons cependant découvert que l’avantage d’un petit bateau c’est qu’on peut dégueuler par dessus bord sans lâcher la barre ! Au bout du troisième jour, ça commence à se calmer un peu et on peut de nouveau manger un peu. Mais il y a une fatigue terrible, les nuits sont interminables, on est toujours secoués comme des sacs de patates et on ne peut jamais lâcher la barre. Et quand enfin, au bout de sept jours, on aperçoit la terre, pour sûr on est content, mais vous croyez qu’on se détend? Pas du tout, c’est là qu’on flippe le plus, parce que les atterrissages de nuit, c’est toujours compliqué, côte rocheuse sans visibilité = risque majeur de se foutre sur les rochers.
Alors là on commence à réfléchiri et on se demande ce qu’on fout là. C’est vrai quoi, à nos âges on pourrait avoir une petite vie bien peinarde : un petit lopin pour faire pousser quelques tomates, l’apero à la terrasse du bistrot aux beaux jours, quelques parties de cartes avec les copains, la visite des enfants et petits enfants et un beau rôti le dimanche Ce n’est quand même pas bien compliqué d’être heureux ! Mais non, il a fallu qu,on se mette en tête d’aller courrir les mers. Et pourquoi, je vous le demande un peu ? Et bien je vais vous le dire. Tout ça c’est la faute à la littérature ! Tous ces romans qu’on a lus, ces chansons qu’on a entendues et qui nous ont mis l’air du large dans la tête. Et bien il est temps que cela cesse. En consequence, nous avons décidé de créer un Front de Libération des Marins dont voici le programme :
Premièrement : tout marin qui abjurera et reconnaîtra publiquement que la vie en mer est un enfer, recevra immédiatement une bouteille de rhum et un certificat de purification idéologique.
Deuxièmement : il conviendra d’expurger de la littérature toutes les célébrations de la mer et des marins. En commençant par monsieur Homere et son Odyssée, MM. Melville, Konrad,, Stevenson, Loti, de Monfreid, O’Brian, Moitessier, et tous les plumitifs maritimes, ecrivassiers océaniques et scribouilleurs pélagiques devront être éradiqués par un grand autodafé. Quant à Monsieur Baudelaire, dont on ne dira jamais assez tout le mal qu’il a fait avec son « Homme libre, toujours tu cheriras la mer », il sera déclaré de nocivité publique et interdit d’étude dans les écoles, lycées et collèges.
Troisièmement : on ne saurait négliger l’influence nefaste des chansons de marins (sans oublier les comptines enfantines ). Il faudra donc les assainir en rétablissant la vérité. Dans ce but, il conviendra de s’attaquer au langage lui-même pour en extraire toute poésie fallacieuse. Par exemple, remplacer mât de misaine par mât de misère, cambuse par cambouise, foc par flop, etc. Bien sûr, étant donnée l’ampleur de la tâche, toutes les contributions seront bienvenues et la création d’un comité académique indispensable.
Si vous souhaitez joindre le FLM, envoyez une lettre d’abjuration ainsi qu’un don en numéraires (defiscalisable cela va sans dire) à No Pasaran, dernier bateau avant la plage, Isla la Graciosa, Îles du printemps éternel. Vous recevrez votre bouteille de rhum par dauphin express.
———- DERNIÈRE HEURE ! DERNIÈRE HEURE ! ————-
Nous informons les familles des tomates canariennes enlevées le mois dernier par un cargo aussi malveillant que frigorifique pour être revendues dans un supermarché de La Linea, qu’elles ont été rachetées par deux touristes français qui les ont ramenées à bord de leur petit voilier Elles seront rendues à l’affection des leurs dès qu’elles auront été débriefées par les psychologues de la cellule enlèvement. Madame Rocio Sanchez Sanchez, vous pouvez arrêter d’appeler. La petite Lucia se porte à merveille et vous la retrouverez incessamment.
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Copains, copines, je vous le dit, si on vous propose une croisière en voilier en vous faisant miroiter les paradis tropicaux, trouvez une bonne excuse, n’importe quoi, le jeudi j’ai piscine, j’ai un cassoulet sur le feu, je suis allergique à la bouffe pour chien, mais surtout ne vous laissez pas avoir. Par contre si vous ne craignez pas de vous retrouver avec une corne de rhinocéros au milieu du front et le pantalon enroulé autour des chevilles parce qu’au sortir des toilettes vous avez négligé de vous tenir à DEUX mains, si la perspective de vomir les repas que vous n’avez PAS pris vous laisse de marbre et si vous aimez les biscuits humides et la choucroute en boîte, si le nez pelé et les pieds trempés ne vous dérangent pas plus que ça, alors allez-y, vous allez vous régaler.
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WHO EVER SAID THAT SAILING TRIPS WERE PLEASUABLE ?
One nice morning, we finaly left la Linea. To get out of the straight we had to use the engine but once in the atlantique we had a nice breeze. Crossing the straight was a bit difficult, in the middle the current is very strong. It got better when we approached the morrocan coast but then, as night came, we found ourselves stuck in a snare of nets, hundreds of little flashing lights all around. A small fishing boat rushed towards us and circled around us like an infuriated wasp to push us away in a detour that cost us 3 extra hours. Once at high sea we were free from the nets, but then came the swell ! A nasty little swell, irregular and coming from different directions that shook us like a salad basket. We got sick, oh man, so sick that during two days we could not keep any food. We discovered that one of the assets of a small boat is that you can throw up overboard without letting go of the rudder ! The third day it receded a bit, just to give way to the fatigue. The nights are endless, you can never stop steering, neither can you turn off the swell or the wind (someone forgot to install the switches), everything is difficult: preparing food, puting some clothes on, washing the dishes, not to mention yourself ! And it goes on like this for 7 days. When at last you cry Land ! Land ! You think you will relax, but not at all, the landing is the most critical moment, especially at night on a rocky coast, where is that bloody port? In the end we did make it and reached La Graciosa, the very northest of the canaries islands, sound and safe. But all the while I had time for thinking a bit. How come that we decided to roam about the seven seas, when it would so simple to have a nice life ashore : a little piece of land to grow a few tomates, apéritif with friends at a terrace on the good days, on sundays visit of the children and grand-children and a good roast, the recipe for a happy life is not very complicated! But no, we chose instead to live on a boat ! Why is it so, I am sure you wonder as I did. I will tell you : the blame is to be put on litterature! All those books about the sea and the sailors that we read when we were young, they have intoxicated us. This scandal must cease! That is why we have decided to create the Sailors Liberation Front of which you will find the program hereunder :
1- Every sailor who will renounce the propaganda and admit publicly that life at sea is hell will immediately receive a bottle of rhum and a certificate of cleansed ideology.
2- The litterature shall be expurgated of all fallacious maritime adventure. Starting with Mr. Homer and his odyssey, continuing with MM. Melville, Konrad, O’Brian, Stevenson, Loti, de Monfreid, etc. all their books shall end in a grand autodafe.
3- All sailors songs should be rewritten (let us not forget nursery rhymes which obnoxious influence on young minds is not to be underestimated, i.e. « row, row your boat gently down the stream ») . The only song which can be left untouched is the one saying : « a man must be mad to make up his mind to go to sea once more. »
If you want to join thé SLB, nothing easier. Send a sincere confession and a contribution (all currencies accepted) to No Pasaran,last boat before the beach, Islands of the Eternal Spring. You will receive your bottle of rhum by return express dolphin.